Les Canaris de couleurs
Les canaris de couleurs
Les canaris de couleurs se distinguent par la couleur de leur plumage et sont répartissent ainsi :
- les lipochromes (entièrement blanc, jaune ou rouge)
- les mélanines qui se découpent encore en 4 groupes principaux : les noirs, les agates, les bruns et les isabelles
A ceci, viennent s'ajouter les mutations diverses comme l'ivoire sur la partie lipochrome
Chez les mélanines, on en retrouve beaucoup plus :
- les pastels
- les opales
- les topazes
- les satinés
- les ino (ou patron phaéo)
L’ALLELOMORPHIE MULTIPLE par Jean-Paul Glémet |
Copyright tous pays
Les photos de canaris sont de Jean-Paul Glémet. Les canaris photographiés sont de l'élevage de F. Fauconnet.
Rappel de génétique : notions de gènes et d’allèleshistorique
L’ensemble des caractères exprimés d’un individu est la résultante du programme génétique de cet individu (programme hérité à 50% de son père et à 50% de sa mère). Ce programme génétique est présent dans le noyau de chaque cellule du corps sous la forme de filaments d’A.D.N.. Ces filaments s’appellent des chromosomes, ils sont classables par paires (un chromosome de la paire vient du père, l’autre chromosome vient de la mère).
Un gène est un morceau de chromosome (une certaine longueur d’A.D.N.) qui commande ou régule un caractère donné. Par exemple la présence de pigment noir dans le plumage du canari c’est le gène appelé n.
Un allèlec’est une variante d’un gène. Exemple : le gène n existe sous deux variantes. On pourra avoir soit n+ = feu vert pour la fabrication du pigment noir dans le plumage, soit n = feu rouge pour la fabrication du pigment noir d’où absence de pigment noir dans le plumage.
Qu’apppelle t-on allèlomorphie multiple ?
On parle d’allèlomorphie multiple quand un gène existe sous plus de deux variantes. Pour le canari couleur cela concerne trois cas connus actuellement :
Premier cas : le gène rb (oxydation = puissance de présence du pigment). La forme normale (dite sauvage) = rb+ qui donne une pleine présence du pigment (pigment noir ou pigment brun selon le cas). La première forme mutée = rba qui donne une réduction du pigment noir (agate) ou une réduction du pigment brun (isabelle). La deuxième forme mutée = rbs qui donne une réduction plus poussée qui caractérise le canari satiné.
A noter que cette idée que le satiné est une forme allèlique du gène rb a été proposée par les français il y a plus de 20 ans au vu des résultats d’accouplements. Ceci n’est pas admis par tout le monde et en 2005 une discussion énergique avec des amateurs belges (qui eux considèrent le satiné comme une mutation ordinaire capable de s’additionner aux quatre types classiques et de différencier par exemple le brun satiné de l’isabelle satiné) a amené le comité technique belge à créer une commission spéciale en 2006 et à faire des croisements de vérification. Les derniers échos seraient qu’ils en viendraient maintenant à reconnaître le bien fondé de notre point de vue français.
Deuxième cas : le gène tn (transformation du noir, formulation proposée par le français Michel Houzé au début des années 90). Ceci concerne en fait deux couleurs très connues des canariculteurs : la mutation ino (qui en brun ino correspond au fameux phaéo) et la mutation topaze. L’idée en est venue à Michel Houzé par le fait que les premiers topazes sont issus de lignées de canaris inos et ont souvent été liés aux inos. Puis de l’observation de croisements entre ces couleurs (j’y reviendrai plus loin dans l’article en l’illustrant par des photos). La forme normale du gène est tn+, l’oiseau n’est alors affecté ni par l’ino ni par le topaze. La première forme mutée = première sorte d’allèle = tnino qui donne la réduction de la mélanine caractéristique de l’ino est apparue dans les années 60. La deuxième forme mutée = deuxième sorte d’allèle =tntz qui donne une réduction différente de la mélanine caractéristique du topaze est apparue dans les années 70.
Troisième cas : le gène so (structure opale). La forme sauvage est so+ = aucune transformation de la mélanine et de sa disposition. La première forme mutée, apparue il y a une cinquantaine d’années est soop qui caractérise la canari opale. Et près de 40 ans plus tard est apparue une nouvelle variante de ce même gène, baptisée soonyx, caractéristique de la mutation onyx. Le lien allèlique entre opale et onyx n’a pas été interprété comme tel de suite et certains le contestent aussi.
Dominance et codominance entre les allèles :
Récapitulons. Pour chaque gène le canari possède deux exemplaires (un sur chaque chromosome de la paire).
Si les deux exemplaires sont identiques = mêmes allèles, pas de problème ils vont donner exactement la même information de commande et cela se retrouvera dans l’aspect de l’oiseau. Le sujet est dit homozygote.
Exemples : sujet A : n+ / n+ = aura la présence de pigment noir dans le plumage, sujet B : n / n = n’aura pas la présence de noir dans le plumage
Maintenons corsons l’affaire. Les deux exemplaires du gène ne sont pas identiques, on a deux allèles différents (le sujet est dit hétérozygote). Alors là un allèle peut s’exprimer (on dit qu’il domine) et l’autre ne va pas s’exprimer (il est dominé). Exemple : sujet C : n+ / n, n+ domine n (l’oiseau aura du pigment noir dans son plumage). C’est qu’on appelle dominance.
Mais il existe un autre cas, celui où chacun des deux allèles s’exprime et donne donc un aspect modifié intermédiaire entre les deux formes. C’est cela la codominance.
Dominance et codominance pour le gène rb
La forme sauvage rb+ domine les deux autres formes rba etrbs. Et la forme rba domine la forme rbs. Oui certes, mais il convient de nuancer.
rb+ / rba = aspect sauvage (canari de pleine oxydation) car rb domine. Mais cependant ces noirs porteurs d’agate ou ces bruns porteurs d’isabelle sont légèrement différents des noirs ou des bruns homozygotes mais on ne peut pas franchement dire qu’il y a codominance.
rb+ / rbs = aspect sauvage évidemment car rb domine mais pour ces noirs ou bruns porteurs de satiné on peut parfois percevoir un éclaircissement. Mais peut-on vraiment parler de codominance ?
rba / rbs = oxydation réduite (= canaris du groupe des dilués), ce sont des agates ou des isabelles porteurs de satiné. Chez l’agate porteur satiné on peut remarquer une dilution du pigment noir et même de l’intertrie, la modification est visible pour un œil averti. Il y a une nette interférence de l’allèle rbs sur l’allèle rba mais c’est quand même rba qui domine. On ne parle pas vraiment de codominance mais on en approche.
Dominance et codominance pour le gène tn : parlons du chinchilla
Nous voilà dans le sujet qui m’intéresse aujourd’hui.
Evidemment la forme sauvage tn+ domine les deux autres formes tnino et tntz. Les sujets porteurs de topaze ou les sujets porteurs d’ino ont l’aspect de classiques
Mais qu’en est-il entre tnino et tntz? Qui domine qui ?
Ce sujet est abordé dans le livre d’Annie Filleul où elle indique clairement la formulation du croisement ino x topaze mais parle pour les jeunes obtenus de topaze porteur ino.
Voyons ce qu’il en est réellement et en l’illustrant de photos. Ainsi en cette saison 2006 j’ai demandé à mon ami Francklin Fauconnet de faire l’accouplement topaze x ino et de photographier les jeunes issus. Le couple reproducteur est composé d’un mâle agate topaze et d’une femelle brune ino (phaéo).
Le père: mâle agate topaze rouge mosaïque |
La mère: brune ino ( =phaéo) rouge mosaïque |
Le jeune issu présente à la naissance les yeux rouges. Ces yeux vont ensuite foncer en vieillissant comme chez le topaze.
Ce sujet est une femelle donc de type agate. Lorsque le plumage se développe on se trouve avec un dessin qui ne correspond ni à l’ino ni au topaze mais à quelque chose d’intermédiaire. En effet si c’était l’ino qui l’avait emporté on aurait eu un oiseau d’aspect lipochrome extérieurement (sans mélanine visible) et avec les yeux bien rouges, c’est cela l’aspect d’un agate ino. Si c’était le topaze qui l’avait emporté on aurait un oiseau avec un dessin strié gris-noir et les yeux foncés.
Jeune "chinchilla" âgé de 45 jours. On voit le dessin strié comme chez l’agate topaze mais beaucoup plus discret. Œil rougeâtre. |
La sous-plume est nettement mélanisée grisâtre |
Aile (face supérieure) |
Aile (face inférieure) On retrouve dans l’aile un peu la disposition mélanique du topaze (en plus dilué) et le dessous avec le rachis blanc. |
Queue vue de dessus. Dessin de queue ressemblant au topaze mais de tonalité beaucoup moins soutenue. |
Pourquoi chinchilla ?
Allons le demander au sorcier de Tarnos. Michel Darrigues : « J’appelle cet oiseau chinchilla car il y a très longtemps avec Mario Aschéri on s’était dit que s’il sortait une nouvelle couleur on l’appellerait chinchilla. C’est joli comme nom chinchilla. » Simplement un nom en hommage à l’amitié.
Vous me direz, pourquoi faire tout un plat pour ce genre d’oiseau ? D’abord c’est un bel exemple de codominance chez le canari couleur mais aussi parce que de tels oiseaux ne sont pas rares et sortent régulièrement dans les élevages de topazes. Et oui ! L’explication est à rechercher dans leurs ancêtres. Ces oiseaux sortent de certains couples de topaze x agate (supposé porteur topaze). Et l’explication est à rechercher du côté de ces agates. Ce sont en fait des agates porteurs d’ino, ce facteur ino est caché depuis plusieurs générations. On pense que les agates les plus lumineux sont souvent porteurs d’ino et que beaucoup d’élevages contiennent ainsi ce facteur caché sans le savoir. Quand on croise un agate porteur d’ino avec un agate topaze on obtient 50% de sujets agates (porteurs de topaze évidemment) mais aussi 50% de chinchillas (voir échiquier de croisement n°3). Ces chinchillas qui ne sont pas des oiseaux d’exposition (pas de standard particulier) peuvent toutefois être recroisés avec des topazes puisque cela redonnera 50% de topazes. Attention ces sujets chinchillas peuvent être confondus visuellement avec des agates eumos. D’où des surprises parfois en concours (erreur de l’éleveur ou volonté délibérée de tromper le juge) mais aussi en accouplement quand quelqu’un croit travailler avec un eumo alors que c’est un chinchilla. Un eumo croisé avec un chinchilla cela ne sort que des classiques.
En aparté je tiens à signaler que ce facteur ino se promène masqué depuis plus de 20 ans dans les lignées d’agate (cadeau de nos confrères italiens) et même chez les isabelles et malheureusement se retrouve depuis aussi dans les lignées mutantes. Il apparaît ainsi de temps en temps des agate ino mais aussi des agate pastel + ino, des agate eumo + ino etc ….. tous ces sujets doubles mutants sont de plumage hyperdilué mais leur sous-plume est plus ou moins mélanisée et ont les yeux très rouges. Ce ne sont pas des sujets de concours. Ils ne doivent absolument pas être confondus avec les canaris lipochromes à yeux rouges. Ce facteur ino se promène ainsi dans beaucoup de lignées d’agate mosaïque et est même passé chez certains fond blanc qui avaient été travaillés avec ces mosaïques.
Dominance et codominance pour le gène so
La forme sauvage so+ domine aussi bien sur soop (l’opale) que sur soonyx (l’onyx). En clair, en croisant classique par opale ou classique par onyx on obtient des sujets porteurs mais qui ont tout à fait l’aspect de classique. En revanche en croisant opale x onyx on obtient 100% de jeunes ayant un aspect intermédiaire : ils n’ont pas le vrai aspect de l’opale, pas le vrai aspect de l’onyx et ils sont complètement différents d’un classique porteur. Ces sujets soop / soonyx ont l’aspect intermédiaire du à la codominance entre soop et soonyx . Ils ne sont bien sûr pas admis en concours (pas de standard). Souvent on les appelle opale +onyx mais cela est faux ils ne sont pas l’addition de deux mutations distinctes mais seulement l’action commune de deux allèles : on pourrait plutôt les appeler opalonyx en un seul mot.
Résultats d’accouplement, échiquiers de croisement
Entre topaze, chinchilla et ino
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Entre opale, opalonyx et onyx
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- les eumo
- les onyx
Les mutations ci-dessus sont toutes reconnues par la COM (Confédération Ornithologique Mondiale)
De nouvelles, non encore reconnues par la COM, font leur apparition :
- les ailes grises
- les azuls
- les cobalts